« Le théâtre au cœur ! »
Andrée Eyrolle, ancienne Conseillère Dramatique en Limousine, figure emblématique du théâtre Limougeaud, créatrice de l’Unité théâtre-enfants avec la Compagnie Expression 7, disaient en mars 1986 dans le Populaire du Centre :
« [...] Il faudrait bien que l’on échappe un peu à l’Avignonite. Et pourquoi pas un festival estival ouvert en Limousin ? [...] »
C’est de cette réflexion, et de son expérience personnelle, qu’elle crée le festival Urb’Aka en juin 1989. Alors unique festival des Arts de la rue en Haute-Vienne. Le nom du festival est né de la rencontre entre l'urbain et les Akas, tribu pygmée qui invente des fêtes qui durent du coucher au lever du soleil.
Dès ses débuts le festival a pour objectif le développement et la médiation culturelle, l’accès gratuit aux représentations artistiques, l’investissement de l’espace public, ainsi qu’un partage de lieux et de moments de convivialité. Rendre accessible à tous diverses pratiques artistiques au travers de stages ou d’ateliers est également cher au cœur de l’association. Dans les années 2000, le festival a pris la route pour ''rhizomer'' toute la communauté d'agglomération, et même au-delà.
Les arts de la rue constituent une discipline à part entière du fait de leur popularité historique. En effet, la rue étant « l’espace public », elle permet au peuple de s’exprimer : manifestations sociales, religieuses, culturelles, etc. C’est pourquoi, les propositions artistiques actuelles découlent de traditions culturelles anciennes afin de se réapproprier cet espace au travers d’interventions diverses et variées.
Mais parler des arts de la rue n’est pas tout à fait juste… parlons d’art, de création et d’intervention dans l’espace public, rural et urbain, de réappropriation de l’espace public. Urbaka investit des lieux trop souvent ignorés, des lieux de passages, de vie, du quotidien. Urbaka réinvente les places, les rues, les squares, les pelouses, les jets d’eau, afin de faire circuler et rencontrer les hommes.
Festival pluridisciplinaire, transdisciplinaire, Urbaka reçoit chaque année des compagnies professionnelles nationales et internationales. Plus qu'une programmation, Urbaka revendique toujours une démarche politique et artistique, un temps ludique et poétique. Toujours ancré dans la réalité du monde qui l’entoure, le festival a su s’imprégner des événements marquants, des changements importants, pour adapter ses représentations.
Tout comme le coquelicot, notre emblème, nous ne cessons de nous réinventer. Avec 33 éditions à son actif, plus de 200 000 spectateurs et 4 000 artistes d’ici et d’ailleurs, Urbaka a beaucoup de souvenirs à partager avec vous. Nous allons ici aborder quelques dates phares dans l’histoire du festival, mais un historique plus complet vous attend avec notre livre de la 30e édition.
1989
L’aventure débute par un premier festival, en préfiguration de l’avenir, sur deux jours au Jardin d’Orsay sous chapiteau. Les notes de cette première programmation seront infusées par la musique d’Isodore Ducasse, Wild Shores, et la poésie amenée par Sang d’Azur et la Nuit du Granit à Vassivière.
1998
Le festival débute fort avec des accordéons aux halles centrales, “Corps K dit Cadences” (une création Urb’Aka) et une troupe franco-chilienne. Cette édition propose 7 éditions théâtrale, un grand orchestre, et un concert gitano-latino-flamenco. Les “Gobeurs d’étoiles”, nouvelle série de 8 spectacles, à la demande de la ville de Limoges et de l’Office de Tourisme, font découvrir la ville, avec une nouveauté signée Andrée Eyrolle “l’eau, le sang et le feu” :
Limoges aux milles sources, Limoges ville de colère et d’humanisme, Limoges ville rouge, sont les 3 thèmes qui balisent le parcours.
2001
C’est la révélation : les Arts de la Rue peuvent générer énormément de public lors de grands évènements. Les compagnies régionales comme Chabatz d'Entrar de Saint-Junien, le théâtre de l’escogriffe et la création d’Urb’Aka « Louise Michel, je vous écris de ma nuit » sont présentes. « Le rêve d’Herbert » avec la Cie des Quidams et des déambulations de marionnettes nous ravissent.
Et dans le cadre des Gobeurs d’étoiles, « Alice au pays des Merveilles » au parc Thuillat, mise en scène par Andrée Eyrolle.
2005
L’année du renouveau ! Jacques Reix rejoint l’association en tant que Président et Urb’Aka se transforme officiellement en Urbaka. Le festival s’étoffe avec 13 propositions artistiques, un moment de conférence, un « autour du festival » et un after.
2009
Le 20ème anniversaire du festival ! Mais… l’espoir !
Sony Labou Tansi disait : « La vie se meurt, une page de la civilisation est en train d’être tournée, la main qui la tourne est celle des marchands ! ».
2011
Avec les révoltes dans les rues du monde, toutes les indignations, les insurrections, nous restons mobilisés pour dire la force des idées et rappelons qu’Apollinaire disait : « [...] L’espérance est violente [...]». Cette année exceptionnelle propose une programmation qui fait écho à ces révoltes avec 43 rendez-vous dont 20 Cies professionnelles. Une exposition est présentée : « Résistances… », au pavillon du Verdurier avec Reporters sans frontières, parce que le monde bouge, parce que la rue est bouillonnante.
2015
Changement de visuel : un petit bonhomme descend de la lune pour visiter notre univers des Arts de la rue. Acrobatique, poétique, nostalgique, étrange, tels sont les quelques mots qui caractérisent ce festival. Un univers de contes envoûtant et poétique… un final magique !
2018
Ce sont les rêveries et les irrévérences qui sont les maîtres mots. En hommage à Andrée Eyrolle. Des préalables, en amont du festival dans les communs alentours, des impromptus en bords de Vienne en juillet et août, voilà quelques nouveautés qui émaillent ce 29° festival. Un festival, une saison se construit… vers l’avenir ! L’hommage à Andrée Eyrolle, disparue en juillet 2017, aura lieu sous chapiteau avec une soirée plus particulièrement axée sur le théâtre, avec ses anciens complices.
2019
Les 30 ans du festival ! « [...] Se retrouver au détour d’une rue, se rencontrer au début de l’été, se servir de la rue pour défendre la liberté d’expression, vivre ensemble le mariage de cultures et de disciplines artistiques, rester un indicateur de démocratie, écrire le temps du festival l’histoire d’instants poétiques et festifs, décalés et harmonieux, vivre des moments d’intimité intense et d’émotions partagées. Voici ce qui caractérise Urbaka ! 30 ans d’engagements et de passion pour toutes les expressions artistiques dans l’espace public, c’est ce qu’Urbaka tente de pérenniser. [...] » Jacques Reix.
Ce 30ème anniversaire a été fêté ! Nous avons commencé par une « Pièce Montée » en hommage au théâtre de Rue, en hommage à Andrée Eyrolle qui se réjouissait à l’idée de cette fête et espérait dire quelques mots à cette occasion, que nous avons arrosée des notes des Gueules Sèches et de quelques verres. Et… pour clore ce 30ème festival, grâce à la ville de Limoges, nous avons invité tous les habitants dans cet écrin, cet espace en poésie, que représentent les Jardins de l’Evêché, à réaliser un parcours imposant, à sentir une atmosphère de calme et de sérénité, à voir une merveilleuse « Installation de Feu » avec la Cie Carabosse.
Urbaka a semé des coquelicots sur tout le territoire Limougeaud, et sur les communes environnantes. Ces graines sont en train de pousser et de grandir. Diffusant bonheur et convivialité autour d’elles.